Bénéficiant d'un site exceptionnel, le château d'Angers domine la ville et la rivière de la Maine de ses dix-sept tours polychromes qui fascinent le visiteur.
Dès la fin du IIIème siècle, on édifie sur ce site privilégié une enceinte gallo-romaine dont on peut admirer les vestiges. Les Comtes d'Anjou y établissent leur résidence au milieu du IXème siècle et le château devient une place forte stratégique et symbolique dans la lutte qui oppose l'Anjou et la couronne de France.
En effet, en 1154, le comte d'Anjou devient roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II Plantagenêt, ce qui fait de lui un vassal un peu trop puissant.
À la fin du XIIème siècle, Philippe Auguste confisque la terre d'Anjou qui sera plusieurs fois détachée puis rattachée à la couronne.
Érigé en duché en 1360, l'Anjou entre définitivement dans le domaine royal en 1480 lorsque le roi René meurt sans descendance.
Le logis comtal, édifié à l'angle nord-ouest, est agrandi au XIème et XIIème siècle. Ses vestiges montrent une grande salle ou aula d'une quarantaine de mètres de longueur, bordée de pièces plus petites, d'une chapelle placée sous le vocable de Saint-Laud et d'une cuisine du même type que celle de l'abbaye de Fontevraud. La forteresse des comtes d'Anjou couvre alors une surface d'environ cinq mille mètres carrés.
Entre 1230 et 1240, saint Louis transforme le château en véritable forteresse en édifiant une nouvelle enceinte, une muraille de schiste ponctuée de dix-sept tours couvertes
de poivrières en ardoise.
Les murs d'environ trois mètres d'épaisseur, enveloppent l'éperon rocheux sur une surface de vingt-cinq mille mètres carrés. Les archères sont simples mais disposées en quinconce.
La porte des Champs, qui n'a pas subi de modifications depuis le XIIIème siècle, présente un système de défense sophistiqué à double herse. Louis Ier d'Anjou, frère du roi Charles V, fait exécuter de nombreux travaux dans la deuxième moitié du XIVème siècle. On lui doit un nouveau logis et aussi la célèbre tapisseries de l'Apocalypse, réalisée en 1375.
Louis II et Yolande d'Aragon s'installent au château en 1402. Ils construisent une nouvelle chapelle pour remplacer la chapelle Saint-Laud, enterrée par les travaux de Saint Louis, et pour abriter une relique de la vraie Croix. La chapelle se compose de trois travées, sa voûte retombe sur trois belles clefs richement ornées.
Un oratoire seigneurial, chauffé d'une cheminée, s'ouvre sur la chapelle par une baie en pierre qui permet à la famille ducale de suivre les offices.
Puis vient l'époque de la troisième maison d'Anjou, celle du roi René, période très florissante pour les arts.
En 1453, René d'Anjou double son logis d'une galerie à proximité de la chapelle. Cette galerie n'offre aucun intérêt pour la circulation puisque les pièces du logis communiquent déjà entre elle. Elle permet d'observer le jardin, sa fonction est d'ouvrir le logis sur le paysage, de lier le château et son environnement. Le destin du château change à la mort du roi René en 1480. L'Anjou entre définitivement dans le domaine royal et Louis XI nomme un gouverneur dont le premier est Jean Bourré. le constructeur du Plessis-Bourré.
La forteresse échappe à la destruction à la fin du XVIème siècle lorsque le roi Henri III ordonne de la raser.
Elle ne doit sa survie qu'à l'initiative du gouverneur Donadieu de Puycharic, qui fait traîner les travaux de démolition et donne l'impression de la détruire tout en la renforçant.
Il fait araser les tours d'une dizaine de mètres mais les consolide et utilise les déblais pour transformer les courtines en terrasses, où il est désormais possible d'installer des canons. Il transforme les archères en canonnières et adapte la forteresse à l'artillerie moderne.